Résumé
Au carrefour des « Blue Humanities » et de la lecture de près, cet article propose une lecture thalassopoétique du Voyage au centre de la terre de Jules Verne. La mer y est « centrale », invitant paradoxalement à un décentrement radical, non seulement sur le plan narratif mais éthique. Le centre du monde n’est plus l’occident des savants et des explorateurs ; la pauvreté d’une île du Sud de la Méditerranée et le caractère fruste d’une île du Nord de l’Europe indiquent d’autres centres possibles à travers une éthique commune de l’hospitalité, qui paraît plus universelle que la science et la technologie, en apparence triomphantes en cette seconde moitié du XIXe siècle. En faisant pivoter les axes Nord-Sud et Est-Ouest en faveur d’une ligne qui va des abysses aux astres, le roman nous désoriente et interroge nos valeurs contemporaines.