Résumé
À l’aune de la polémique suscitée par la parution, en novembre 2022, de l’entretien que l’auteur a accordé à Michel Onfray pour sa revue Front Populaire, le présent article tente de réévaluer la posture, construite de longue date dans le discours médiatique, d’un Houellebecq « prophète déprimiste ». Après avoir défendu l’hypothèse que la réactivation, pour le moins anachronique, de la figure de l’écrivain prophète en révèle plus sur la crise du débat démocratique contemporain que sur l’auteur lui-même, il s’attache, notamment par l’analyse du récent roman Anéantir, à nuancer l’univocité du pessimisme qui se dégage de son œuvre. Et si, pour Houellebecq, l’imminence de la mort, de l’individu comme de la civilisation, était, in fine, la condition sine qua non au bonheur ; le seul moyen, dans une société de la compétition et de la performance, de s’extraire du samsara libéral et de sa propre obsolescence programmée pour profiter, simplement, au présent, de la vie ?