Abstract
L’article propose une réflexion sur la construction des querelles galantes, en leur temps puis dans l’histoire littéraire, du point de vue de la place qu’y occupent les femmes et les autrices. Dans la plupart des cas, leur accès à l’autorité ne passe pas par la querelle, ce qui les rend invisibles dans une historiographie littéraire étroitement focalisée sur l’affrontement des corps constitués (XVIIIe siècle), ou animée par le paradigme épique (XIXe siècle et début du XXe siècle). La valorisation exclusive du rôle de protagoniste empêche de mesurer l’efficacité de postures féminines plus discrètes d’instigation, d’observation, d’arbitrage, d’esquive, de surélévation « au-dessus de la mêlée », voire d’ironie dissolvante. La vitalité sur trois siècles des violents repoussoirs que sont la harangère, la pédante et la précieuse éclaire ces stratégies « obliques », et permet d’apprécier le prix très élevé qu’ont dû payer celles qui osèrent entrer dans la lice.