Abstract
Dans cet article, nous proposons le concept du « sublime royal » pour repenser le sublime au dix-septième siècle, avant, avec et autour de Boileau, en nous penchant moins sur l’intervention de Boileau elle-même que sur le contexte qui a rendu sa réussite possible : une situation où toute expression culturelle hégémonique avait avant tout une visée politique, celle de glorifier le monarque absolu. En tant que figure qui présente l’irreprésentable, le sublime permet l’impossible dans la représentation du roi : le présenter comme absolu. Il s’agit là d’un fonctionnement qui est, certes, paradoxal, mais selon un paradoxe qui est constitutif de l’absolutisme lui-même. C’est ce paradoxe constitutif qu’il s’agit d’examiner ici en étudiant, dans un premier temps, quelques exemples représentatifs du discours de l’auto-représentation de l’absolutisme, puis les répercussions plus larges du changement de perspective que nous proposons. En vue d’études ultérieures, nous examinons la façon dont le concept du sublime royal change notre conception de la place des Anciens dans la politique absolutiste, avant de montrer comment le concept de sublime royal contient en germe un nouveau modèle pour penser le développement de l’assentiment affectif à l’absolutisme et la manière dont les sujets y participent.