Abstract
At the beginning of the twentieth century, large parts of the world witnessed a wave of strikes. In response, groups of independent trade unionists, private industrial security forces, and associations of strikebreakers created new practices to defend social stability and private property. This article focuses on the strikebreaking associations active in France before World War I. It examines the nature of the nineteenth‐century French state, describing the patterns of collaboration between authorities and strikebreakers. It concentrates on the actions of two Parisian groups: the Liberté du Travail, founded in 1908 by Jean Allembert, and the Bourse Libre du Travail de Paris, founded in 1911 by Pierre Lambert. Mainly present in the Parisian public works sector, these two groups were capable of violence and provided effective labor replacement. The article argues that French police forces were willing to cooperate with such violent private forces and shows that public authorities sought hegemony over violence rather than a complete monopoly.
Au tournant du XXe siècle, de nombreuses régions du globe ont été le théâtre d'une série de mouvements de grève. Divers groupes de syndicalistes indépendants, forces de sécurité industrielle privées et associations de briseurs de grève ont forgé de nouvelles approches pour faire face à ces événements, cherchant à préserver la stabilité sociale et la propriété privée. Cet article se penche sur les associations de briseurs de grève opérant en France avant le déclenchement de la Première Guerre mondiale pour interroger la nature de l'Etat français et explorer les mécanismes de collaboration entre les autorités et les briseurs de grève. Une attention particulière est accordée à deux groupes : la Liberté du Travail, fondée en 1908 par Jean Allembert, et la Bourse Libre du Travail de Paris, créée en 1911 sous l'impulsion de Pierre Lambert. Actifs principalement dans le secteur des travaux publics parisiens, ces deux regroupements étaient caractérisés par leur propension à la violence et leur capacité à fournir des services de remplacement de la main‐d’œuvre. L'article démontre que les forces de police françaises étaient disposées à collaborer avec des entités privées caractérisées par leur usage de la violence. Il apparaît que les autorités ne recherchaient pas le monopole de la gestion de la violence mais l'hégémonie face aux groupes privés armés.