Abstract

Just before the First World War, the largest French shipping line operating in the Indo-Pacific, the Compagnie des Messageries Maritimes, reported that 44 percent of its personnel were non-Europeans. Made up of French colonial subjects and foreign citizens, this workforce hailed from across the layover ports of the empire's Indo-Pacific steamship highways. Portrayed by French labor leaders as strikebreaking scabs, and by the large shipping companies as docile peons, these “indigenous” seafarers were largely erased from French imperial and labor history before the First World War. Mobilizing archives from France, the United Kingdom, and Vietnam, especially ships’ logs from the 1880s to the 1910s, this article reassesses the place of the French empire's Asian and African seafarers within an intensifying labor movement and an incipient imperial security state. Revisiting everything from mobile acts of outright rebellion to subtly assertive practices of placemaking, the article argues that indigenous seafarers had begun forging a disruptive politics of mobile labor well before the First World War. Their ability to wield power in the face of stigmatization and precarization, the article suggests, points to the underexplored tensions between the “New Imperial” French state and the subcontracted shipping lines on which it depended.

A l'aube de la Première Guerre mondiale, la principale compagnie maritime française dans l'Indopacifique, la Compagnie des Messageries Maritimes, indique que 44 pour cent de son personnel sont des « non européens ». Cette main-d’œuvre, qui est composée de sujets coloniaux français et de citoyens étrangers, se recrute dans les ports d'escale des voies de navigation à vapeur qui traversent l'empire français au-delà de Suez. Représentés par les syndicaux français comme des briseurs de grève et par les compagnies maritimes comme des serviteurs dociles, ces marins « indigènes » ont été largement effacés de l'histoire des mouvements ouv-riers et leurs implications politiques dans l'empire de la Belle Epoque. Cet article se sert des archives françaises, britanniques, et vietnamiennes, en particulier des journaux de bord des années 1880 aux années 1910, pour reconsidérer le rôle des marins asiatiques et africains au sein d'un mouvement ouvrier qui s'intensifie, et d'un Etat de sécurité naissant. Pour démontrer que les marins « indigènes » commencent à forger une politique de travail déstabilisatrice bien avant la Première Guerre mondiale, on prend en vue toute une gamme d'actes mobiles, depuis les mutineries jusqu’à l'utilisation subtile et subversive des espaces quotidiens. Cette capacité à exercer le pouvoir face à la stigmatisation et à la précarisation met en évidence les tensions sous-explorées entre le « nouvel impérialisme » français et les compagnies maritimes privées dont il dépend.

You do not currently have access to this content.