Abstract
This article examines the legal battle between Catholics and Huguenots over the articles of the Edict of Nantes from 1650 to 1685 in Normandy. Their legal disputes show us how seventeenth‐century French people perceived the issues of religious tolerance and coexistence by focusing on how the edict's articles controlling Protestant worship spaces were interpreted and implemented. Norman Catholics attempted to outlaw Protestant temples, but they had to move within the edict's authority. Norman Huguenots still could deflect unfavorable decisions through legal recourse based on the edict. Even if confessional antagonism remained alive, and the Revocation finally upended the legal cohabitation of the two confessions, the legal battle reveals that by transforming the main character of religious conflict from a deadly fight to a judicial matter, French Catholics and Protestants bit by bit adapted into a new type of confessional relationship: coexisting with “abominable heretics.”
Cet article examine la bataille juridique entre catholiques et huguenots autour de l’édit de Nantes de 1650 à 1685 en Normandie. L’étude de leurs différends juridiques nous révèle que les Français du XVIIe siècle percevaient la question de la tolérance et de la coexistence religieuses selon la manière dont ils interpréteraient et exécuteraient les articles de l’édit de Nantes, en particulier les clauses concernant les lieux de culte protestants. Les catholiques normands ont notamment tenté d'interdire les temples réformés. Ils ont toutefois dû agir dans le cadre de l'autorité de l’édit de Nantes. Pour leur part, les huguenots normands pouvaient encore contester des décisions défavorables par des recours légaux fondés sur l’édit de Nantes. Même si l'antagonisme confessionnel est resté bien présent, et la Révocation a finalement bouleversé la cohabitation légale des deux confessions, la bataille juridique témoigne de la transformation du caractère principal du conflit religieux, passant d'une guerre violente et meurtrière à une affaire juridique. Les catholiques et protestants français se sont ainsi peu à peu adaptés à un nouveau type de relations confessionnelles : coexister avec « d'abominables hérétiques ».