Abstract
This article employs police investigations of the “traffic in women” between France and Argentina in the first three decades of the twentieth century to highlight the multiple narratives in play when contemporaries talked about trafficking and relayed their experiences of it. While the dominant narrative of “white slavery” in the late nineteenth and early twentieth centuries emphasized coercion, sexual exploitation, and victimization, many young working-class women described the journey to Argentina in terms of perceived opportunity, whether for money, travel, or freedom. This is not to downplay the social and economic vulnerability of these women and the precarious lives they led in French and Argentine cities. Instead, the article emphasizes the inadequacy of many existing frameworks for discussing sex trafficking, and prostitution more generally, as they rely too heavily on a stark division between coercion and choice.
Cet article repose sur une analyse d'enquêtes de police portant sur la « traite des femmes » entre la France et l'Argentine durant le premier tiers du vingtième siècle. Il met l'accent sur la multiplicité des discours évoquant la traite, et l'expérience des femmes impliquées. Si, à la fin du dix-neuvième et au début du vingtième siècle, le discours dominant à propos de la « traite des blanches » souligne la coercition, l'exploitation sexuelle et la victimisation, de nombreuses femmes appartenant à la classe ouvrière décrivent leur périple en Argentine comme une opportunité de gagner plus d'argent, de voyager, ou de saisir leur liberté. Cet article ne vise cependant à minimiser ni le rôle de la vulnérabilité économique et sociale de ces femmes, ni leur vie précaire dans les villes de France et d'Argentine. Il cherche plutôt à mettre en évidence le caractère inadapté des différents paradigmes existants pour aborder le sujet du trafic sexuel, et plus généralement de la prostitution, ainsi que la manière dont ces paradigmes reposent sur une division trop marquée entre le choix et la contrainte.