Abstract
Contrary to the rule of charity but having some biblical basis, imprecatory prayer and the practice of asking God to act against enemies have always been controversial. In sixteenth-century confessional conflicts, however, any reluctance to use such prayers faded. During the Wars of Religion the first theological justifications appeared and cursing prayers were provided to worshippers. Alongside other practices these prayers shaped the collective identity of the French-speaking Reformed people. They clearly discriminated the faithful from God's enemies, expressed the hope that divine providence would act against these enemies, and led people to identify their fate with that of Old Testament Hebrews. Yet from the end of the seventeenth century such prayer was gradually rejected, above all by learned Reformed people who saw tolerance as a new characteristic feature of Reformed identity.
Contraires à la charité, mais trouvant des fondements bibliques, l'imprécation et la pratique consistant à demander l'intervention divine contre un ennemi ont toujours fait l'objet de controverses. Cependant, dans le contexte des conflits confessionnels du seizième siècle, les réticences s'estompent. Avec les guerres de Religion, apparaissent les premières justifications théologiques de cette forme de prière et des textes d'oraisons contre l'ennemi sont mis à disposition des fidèles. En parallèle avec d'autres pratiques, ces prières contribuent alors à structurer l'identité collective des réformés francophones : elles distinguent fortement les fidèles des ennemis de Dieu, expriment l'espoir d'une intervention de la providence divine contre ces derniers et conduisent les réformés à identifier leur destin avec celui des Hébreux de l'Ancien Testament. A partir de la fin du dix-septième siècle, cette forme de prière est progressivement rejetée, en particulier par les élites savantes réformées qui font de la tolérance un nouveau trait distinctif de l'identité réformée.