This article shows the crusading movement to be an optimal route into an understanding of Europe’s twelfth-century power structure by examining its impact on the valuation and practice of kingship in France. The article argues that Suger of Saint-Denis’s history of Louis VI, the Gesta Ludovici Grossi, can be read as one of several responses to the threat posed to kingship by the new crusade ideology and to the prestige attaching to former crusaders. Suger fuses Carolingian notions of sacred kingship with the newer crusade ideas to craft a highly selective narrative of Louis’s reign that foregrounds the motif of military actions prosecuted to vindicate justice and with ecclesiastical endorsement. Suger thereby exploits the unknown future of crusading to create a space into which the self-fashioning of Capetian kingship could insinuate itself and from which emerged the late medieval image of a “crusader king.”
Cet article présente les croisades comme le meilleur moyen de comprendre la structure du pouvoir en Europe au XIIe siècle, à travers l’examen de son impact sur l’évaluation et la pratique de la royauté en France. Plus précisément, cet article soutient que l’histoire de Louis VI par Suger de Saint-Denis, la Gesta Ludovici Grossi, peut être lue comme une réponse alternative à la menace que faisaient peser sur la royauté l’idéologie nouvelle des croisades et le prestige lié aux premiers croisés. Le texte mêle la notion carolingienne d’une royauté sacrée avec les idées nouvelles des croisades, pour rédiger un récit très sélectif du règne de Louis VI, où prédomine le thème des actions militaires engagées pour défendre la justice et obtenir l’approbation ecclésiastique. Suger exploite ainsi l’avenir inconnu des croisades pour créer un espace dans lequel se façonnerait le modèle de la royauté capétienne et d’où émergerait l’image médiévale tardive du « roi croisé ».