This article concerns humanitarian debates in France in the 1980s, in particular as inspired by the activism of the organization Médecins sans Frontières (MSF). It examines three episodes of debate about compromise and the complicity of humanitarian activism in totalitarian repression: a protest march at the Cambodian border in 1980, spearheaded by MSF; the creation by MSF in 1985 of a political think tank, the Fondation Liberté sans Frontières, with its inaugural conference attacking Third Worldism; and finally, MSF's stand in 1985 against the manipulation of aid by the Ethiopian government. It seeks to demonstrate how the realization of humanitarianism's vulnerability to manipulation emerged from a period of intensified, politically targeted activism. The analysis focuses on two key strands of debate: attitudes to ideology, specifically Third Worldist ideology, and the use of the media as part of the sans-frontiériste practice of témoignage.
Cet article porte sur les débats humanitaires en France pendant les années 1980, visant surtout les débats sur l'activisme de l'organisation Médecins sans frontières (MSF). Il présente trois épisodes dont le débat portait sur la compromission et la complicité de l'humanitarisme dans la répression totalitaire: une manifestation menée par MSF à la frontière cambodgienne en 1980; la création par la même organisation, en 1985, d'un centre de recherche politique, la Fondation Liberté sans frontières, avec son colloque inaugural s'attaquant au tiers-mondisme; et enfin la prise de position de MSF en 1985 contre la manipulation de l'aide humanitaire par le gouvernement éthiopien. Cet article cherche à démontrer comment, pendant la famine éthiopienne, l'articulation de la vulnérabilité de l'humanitarisme à la manipulation a été le résultat d'une période d'activisme politique intensifié. L'analyse se concentre sur deux motifs importants du débat: les attitudes envers l'idéologie, spécifiquement l'idéologie tiers-mondiste, et l'usage des médias comme partie intégrale de la pratique sans-frontiériste du témoignage.