It is generally assumed that the expedition that Napoléon Bonaparte sent to Saint-Domingue (Haiti) in December 1801 was largely prompted by lobbying on the part of exiled planters and that it aimed at restoring slavery in this colony. Yet a careful analysis of French, British, and American published and archival sources paints a much more nuanced picture. French officials, including Bonaparte and the expedition's first captain general, Victoire Leclerc, paid little attention to the wishes of the planters. Their policies were largely dictated by the difficult political and military environment prevalent in Saint-Domingue. Strategic requirements prompted them to adapt a moderate, pragmatic policy that preserved Toussaint-Louverture's semifree cultivator system, and they never called, either officially or in private, for an immediate restoration of slavery in Saint-Domingue.
On tient généralement pour acquis que Napoléon Bonaparte envoya l'expédition de Saint-Domingue à Haïti en décembre 1801 pour satisfaire le lobby des planteurs, et que le premier consul avait comme objectif le rétablissement de l'esclavage. En réalité, les écrits des colons, de même que les documents manuscrits conservés aux archives nationales, militaires et coloniales en France, en Angleterre et aux Etats-Unis, dressent un tableau beaucoup plus nuancé de la politique coloniale sous le Consulat. Bonaparte et le capitaine général de l'expédition, Victoire Leclerc, loin d'être inféodés aux demandes des colons, répondaient en fait aux difficultés politiques et militaires rencontrées pendant la reconquête de Saint-Domingue. Ces critères stratégiques les incitèrent à adopter une politique modérée et pragmatique préservant le système de semi-liberté agricole qui avait prévalu sous Toussaint Louverture et il n'y eut jamais, ni en public, ni en privé, de plan bien défini visant à rétablir immédiatement l'esclavage à Saint-Domingue.