This article focuses on the discourses related to the management of water resources occurring in several regions of Europe after the French Revolution. Written by agronomists, engineers, and lawyers, these texts point to hydraulic societies. The writings of two authors are analyzed: those of François-Jacques Jaubert de Passa in France and those of Carlo Cattaneo in Italy. They refer to political and legal institutions and to systems of knowledge that were alternative to those put in place by the administrative states. They presented irrigation systems as edifices created over a long period of time: benefiting from empirical practices and from a technical culture that represented an alternative to that of state engineers, these edifices emerged as the expression of an equilibrium between society and its environment. In contrast to this narrative, state engineers transmitted a naturalized vision of water to support the claims of states on these resources. I argue that the nineteenth century corresponds with a face-to-face vision of nature, the historical one versus the natural one.

Cet article identifie une série de textes sur le gouvernement du territoire et des eaux qui paraissent après la Révolution française dans plusieurs régions d'Europe. Ces textes défendent des institutions politiques et juridiques et des dispositifs de savoirs alternatifs à ceux mis alors en place par les Etats administratifs. L'analyse porte sur deux auteurs qui décrivent des sociétés hydrauliques: François-Jacques Jaubert de Passa en France et Carlo Cattaneo en Italie présentent les systèmes irrigués comme des édifices élaborés dans la très longue durée. Construits à la faveur de pratiques et d'une culture technique alternative à celle des ingénieurs d'Etat, ces édifices apparaissent comme l'expression d'un équilibre entre une société et son environnement. En historicisant ces descriptions ethnographiques, le contexte de leur élaboration et de leur circulation, cet article propose d'identifier les tensions qui s'expriment dans un long dixneuvième siècle entre des définitions alternatives de la nature, une nature historicisée et socialisée et une nature naturalisée, ouvrant chacune à des formes politiques et à des systèmes de droits différents.

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