Les fondateurs et directeurs des Annales ont largement partagé la culture coloniale de leur temps. A travers ses comptes rendus et en intégrant des collaborateurs issus du monde colonial, la revue a accordé une large place à la colonisation. Prestige de la Grande France, admiration pour l'épopée coloniale et l'œuvre des colons, mission civilisatrice, opposition séculaire entre l'Orient et l'Occident caractérisent les articles de la revue qui intègre ainsi pleinement l'idéologie coloniale de l'époque. Lucien Febvre, Marc Bloch et Fernand Braudel ont accordé un grand crédit aux écrits de figures emblématiques de la culture coloniale de l'époque, Henri Labouret, Emile-Félix Gautier, Augustin Bernard mais aussi à la psychologie des peuples d'André Siegfried. Jusqu'à l'arrivée d'une nouvelle génération dans les années 1950, la revue a été peu attentive aux premières critiques dénonçant les abus de la colonisation, tout comme aux premières manifestations nationalistes.